Order of Corporate Reunion par Tau Héliogabale.

« Si les hommes de bien de l’Église veulent s’unir dans les différentes parties du royaume, s’organisant en amicales et s’engageant les uns envers les autres, dans leurs sociétés respectives, à s’entraider de toutes les bonnes manières chrétiennes, ce sera là le moyen le plus efficace de restituer à notre Chrétienté putrescente sa vie et sa vigueur primitives, ainsi que de soutenir notre église, qui tangue et qui sombre. »

The Country Parson’s Advice to His Parishioners, 1680.

L’Order of Corporate Reunion.

L’origine réelle de l’Order of Corporate Reunion (« OCR ») est drapée dans une aura de mystère : une société secrète religieuse dont les membres n’avouaient pas leur appartenance et dont les buts étaient tus publiquement. Il est affirmé que l’OCR aurait vu le jour sous les auspices de SS Pie IX qui désirait agir dans le sens d’un retour des anglicans au sein de la communion de l’Église catholique.

Ambrose Phillipps De Lisle a œuvré toute sa vie pour une réunion de l’Église d’Angleterre à l’Église catholique. En 1835, il entreprend de rétablir l’ordre cistercien en Angleterre en construisant le monastère de St Bernard, à Witwick. En 1838, il est le cofondateur de la Société de prières pour la conversion de l’Angleterre et, en 1857, cofondateur de l’Association pour la promotion de l’unité de la chrétienté. Sa fille, Margret De Lisle, fut présentée au pape Pie IX, à qui elle remit une lettre de De Lisle dans laquelle celui-ci demandait que soit bénie sa stratégie de réunion des Églises. Le 13 mai 1877, le pape Pie IX retourna la lettre au chapelain du monastère de St Bernard, le frère Cesario Tondini di Quarenghi, avec la mention « Benedicat et exaudiat vos Deus » ; par ces mots, il donnait sa bénédiction aux prières pour la réunion de l’Église d’Angleterre, des églises orientales et de l’Église catholique.

Aujourd’hui, grâce à quelques travaux historiques (dont ceux de Mgr. Bertil Persson) le voile est levé. C’est à l’été 1877 que l’OCR fait sa première apparition publique lors d’un synode qui se tient à Londres le 2 juillet et qui décide de la publication d’une lettre pastorale. Celle-ci sera lue le 8 septembre de la même année sur le parvis de la cathédrale Saint-Paul de Londres. Cette Pastorale s’ouvre sur ces mots :

« Au Nom de la Très Sainte Trinité Indivise, le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Amen.

Thomas, par la grâce de Dieu, Recteur de l’Order of Corporate Reunion, et Pro-Provincial de Canterbury; Joseph, par la grâce de Dieu, Provincial de York; et Laurence, par la grâce de Dieu, Provincial de Caerleon au Pays de Galles, avec les Doyens et les Membres du Synode de l’Ordre, aux Fidèles de Jésus-Christ que cette Pastorale peut concerner; Santé et Bénédictions. »

Elle continue ensuite en déplorant l’état de l’Église d’Angleterre au travers de son histoire depuis Henri VIII et la soumission du clergé à la couronne. La Pastorale se désole quant à la dissociation de l’administration des Saints Sacrements ; du baptême, de la confirmation et des ordinations des prélats.

« Nous affirmons que par la Providence de Dieu, le malin lui-même a ouvert les portes au remède. Car les évêques de l’Église d’Angleterre, ayant abandonné toute autorité et juridiction canoniques dans l’ordre du spirituel, ne peuvent interférer ni empêcher l’œuvre de l’OCR pour récupérer ailleurs ce qui a été avili ou perdu — et assurer trois lignées distinctes et indépendantes pour une Succession Épiscopale rénovée, afin d’œuvrer collectivement sur des fondations sûres à la réparation des brèches qui existent aujourd’hui au sein de l’Église indivise. »

Et plus loin d’affirmer très ouvertement la Foi chrétienne universelle en ces termes :

« Nous associant de la sorte, nous fondons fermement Notre Ordre sur la Foi Catholique telle que l’ont définie les Sept Conciles Généraux, que l’ont ainsi reconnue l’Église tout entière de l’Orient et de l’Occident avant le grand et déplorable schisme, et qu’elle est communément reçue dans le Symbole des Apôtres, le Symbole de Nicée et le Symbole de saint Athanase. Nous proclamons Notre adhésion sans réserve à toutes les sublimes doctrines ainsi posées, de même qu’aux principes de la constitution et de la discipline ecclésiales, définis et approuvés par les Sept Conciles Généraux. En outre, jusqu’à ce que l’Église tout entière s’exprime sur le sujet, Nous acceptons toutes les déclarations dogmatiques faites en commun par le Concile de Trente et le Synode de Bethléem en ce qui concerne la doctrine des Sacrements…» (B. Persson).

Dans ce paragraphe nous retrouvons la signification du nom de l’OCR : « corporate reunion » pour union collective afin de se départir des schismes individuels. Le but de l’OCR est donc de réunir les Membres du Corps du Christ qui sont collectivement l’Église.

Mais qui sont ce Thomas, ce Laurence et ce Joseph ? Il y a eu de nombreux débats et conjectures au fils des ans. L’identité de l’un des signataires de la Pastorale sera révélée par le révérend Allen Whitworth qui, dans une lettre parue dans le « Church Review », affirme qu’il s’agit du révérend F. G. Lee, vicaire à Lambeth. Il affirme également que des évêques romains, grecs et arméniens se sont réunis en secret afin de consacrer Lee et ses collègues.

En 1879, le « Whitehall Review » écrit dans ses colonnes que :

« Les trois clercs anglicans qui ont obtenu la consécration épiscopale de jansénistes néerlandais afin de rendre leur validité aux Ordres pour ceux qui doutent de celle-ci (…) sont assez modestes dans leurs signatures. (…) Puis-je suggérer de signer dans le futur + Frederick George Lee pour Thomas; +Joseph Leycester Lyne pour Laurence et +Thomas W. Mossman pour Joseph? »

Le prêtre catholique Jérôme Matthews écrit dans l’édition du 16 octobre 1886 du « Trowbridge Chronicle » que Lee faisait bien partie des trois clercs anglicans qui s’embarquèrent sur un bateau en compagnie de trois évêques schismatiques. Ils firent halte au milieu de l’océan et furent alors baptisés sous condition, confirmés et ordonnés diacres et prêtres et consacrés évêques. Ils le firent au milieu de l’océan afin de ne relever d’aucun diocèse. Cet épisode sera confirmé par le second fils de Lee : l’archevêque catholique de Milan aurait procédé à la consécration à Venise et en pleine mer. À son retour en Angleterre, Lee aurait consacré Seccombe. Selon Bertil Persson, ce dernier aurait déjà reçu la prêtrise et la consécration épiscopale des mains de Mgr. Ferrette, les 18 et 19 novembre 1866.

Sur base des lettres et documents publiés par Bertil Persson, il semble indéniable que Lee a été consacré en juin 1877 à Venise par l’Abbé-Général Ignas Gurégh (Ignatios Ghiurekian) de l’ordre Mékhitariste arménien (Ordre de Saint-Lazare des Arméniens).

Ainsi, et selon des travaux ultérieurs, il semble très probable que les personnages qui ont été associés dans la création de l’OCR sont : Ambrose Phillipps De Lisle ; Frederick George Lee ; Thomas Wimberley Mossman ; George Nugée et John Thomas Seccombe. Frederick George Lee est le « Thomas », évêque de Dorchester, Recteur de l’Order of Corporate Reunion, Pro-Provincial de Canterbury ; Thomas Wimberley Mossman est le « Joseph », évêque de Selby, Provincial de York ; John Thomas Seccombe est le « Laurence », évêque de Caerleon, Provincial de Caerleon ; George Nugée est le Doyen et William Grant est le secrétaire.

À la mort des trois évêques fondateurs de l’OCR, l’Ordre entre en sommeil avant d’être ravivé en 1910 par Mgr. Harris Mathew. Depuis 1933, l’OCR est très fortement lié à l’Apostolic Episcopal Church (« AEC ») avec la nomination de l’archevêque Mgr. Brooks. En 1998, Mgr. Persson quitte son office de Primat de l’AEC et devient le 8e Primat Universel de l’OCR.

« En 1926, l’abbé Portal entre au monastère bénédictin d’Amay-sur-Meuse. Le 29 décembre 1918, il est consacré évêque par Mar Antoine (Lefébure). Le 7 novembre 1920, il est consacré par Maran Mar Yosif Emmanuel II Thoma, patriarche de l’Église catholique chaldéenne, assisté de Mar Antoine. »

« Avec le soutien de Petro di Maria, évêque titulaire d’Iconium, et d’Alexis Lépicier, évêque titulaire de Tarse (l’un et l’autre de l’Église catholique), ainsi que de l’évêque William T. Manning (New York), de l’Église épiscopalienne protestante, Mar Antoine et l’abbé Portal consacrèrent Brooks le 4 mai 1925 à New York, et c’est en 1930 que fut officiellement fondée l’église uniate, à savoir l’Église épiscopalienne catholique (The Holy Eastern Catholic and Apostolic Orthodox Church). » B.Persson.

Aujourd’hui, l’OCR est actif sous la direction de Mgr. Mikael Kline, 10e Primat Universel, suite au décès de Mgr. Peter Paul Brennan, le 1er août 2016. Mgr. Brennan avait pris son office en 2004.

La lignée de succession nous concernant est la suivante :

  1. +Frederick George Lee ; +Thomas Wimberley Mossman ; +John Thomas Seccombe :
  2. +Richard Williams Morgan,
  3. +Charles Isaac Stevens,
  4. +Léon Checkemian,
  5. +Andrew Charles Albert McLaglen,
  6. +Herbert James Monzani-Heard,
  7. +William Bernard Crow,
  8. +Hugh George de Willmott Newman,
  9. +Herman Philip Abbinga,
  10. +Perry Nikolaus Cedarholm,
  11. +Nils Bertil Persson,
  12. +Peter Paul Brennan,
  13. +Michael J. Kline,
  14. +Rodney Rickard,
  15. +Tau Héliogabale

+Tau Héliogabale, ep. gn., Ara Lunae ce 26 novembre 2017 A.D.

Order of Corporate Reunion

Bibliographie :

  • « Reunion Magazine », 1877 ;
  • « Church Review » du 28 décembre 1878 ;
  • Is the Order of corporate Reunion Schismatical ? William Grant, Londres ;
  • The Order of Corporate Reunion, Bertil Persson, 2000 ;
  • Episcopi Vagantes and the Anglican Church, Henry R.T. Brandreth, 2007.
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