A nos Frères Gnostiques

A nos Frères Gnostiques est une déclaration faite par Jean Bricaud, patriarche de l’Église Gnostique Universelle, en 1913. Par ses accents elle n’a pas pris une ride aujourd’hui…

A NOS FRÈRES GNOSTIQUES

TRÈS CHERS COOPÉRATEURS,

TRÈS CHERS FRÉRES,

ET TRÈS CHÈRES SŒURS,

Nous assistons depuis près d’un siècle à une évolution de l’idée religieuse à laquelle celle qui eut lieu à l’époque où le christianisme fit invasion dans la société gréco-romaine peut seule être comparée.

Tout le monde sent aujourd’hui que l’Église romaine court à sa perte, et nous voyons les convaincus défendre pied à pied la doctrine romaine contre l’envahissement des doctrines scientifiques, comme luttèrent autrefois les vieilles familles romaines pour leurs dieux contre le Christ et les Apôtres.

Comment donc cette Église, cette orthodoxie romaine, qui compte plus de dix-neuf cents ans de durée, qui a évité tant d’écueils, en est-elle venue à cette extrémité? Quelles sont donc les causes secrètes ou visibles qui sont en lutte avec elle, et contre lesquelles elle ne peut se défendre?

Les prêtres n’avaient-ils donc pas dit que l’Église romaine était d’institution divine, et que le Christ lui avait promis la perpétuité et l’universalité?

Là c’est vérité que l’orthodoxie romaine, comme toutes les orthodoxies, est double. Il y a en elle deux éléments à considérer: l’élément qui peut être appelé divin et qui est commun à toutes les religions qui ont existé depuis l’origine de l’humanité, et l’élément propre à chaque orthodoxie que l’on considère.

Alors que l’élément commun à toutes les religions (catholicisme) est rationnel et traditionnel, et par suite éternel, l’élément propre ne convient qu’à une époque, à un moment donné de l’évolution de l’humanité, et est par cela même transitoire.

C’est ainsi que dans la lutte actuelle contre l’orthodoxie romaine, le catholicisme proprement dit n’est pas en cause, mais seulement l’orthodoxie romaine toujours destinée à tomber un jour.

Nous savons que le catholicisme romain peut être appelé à disparaître à un moment donné, comme il disparut de certains pays vers le milieu du XVIe siècle sous la poussée du protestantisme. Or, le discrédit dans lequel est tombé le catholicisme romain à l’heure où nous sommes, son abandon par la plupart des penseurs et des hommes de science, sont des signes avant-coureurs de sa ruine définitive, pour faire place à une formule religieuse plus en harmonie avec les idées et les mœurs modèles.

C’est ici qu’intervient utilement le Gnosticisme. La Gnose est la synthèse complète et définitive de toutes les croyances et de toutes les idées dont l’humanité a besoin pour se rendre compte de son origine, de son passé, de- sa fin, de sa nature, de son avenir, des contradictions de l’existence et des problèmes de la vie.

La Gnose est la perle de l’Évangile pour laquelle l’homme vraiment digne de ce nom doit vendre et donner tout ce qu’il a.

« Mon âme, d’où viens-tu? disait saint Basile. Qui t’a chargée de porter un cadavre? Si tu es quelque chose de céleste, ô mon âme! apprends-le moi. »

Et la Gnose répond: « En contemplant le Plerôme, tu connaîtras toutes choses. »

« La Gnose, a dit Ephrem, le Syrien, tresse une couronne à ceux qui l’aiment, et les fait asseoir sur un trône de roi. »

Les docteurs et les évêques de cette Gnose ont reçu en dépôt le sens ésotérique du christianisme.

C’est à nous, pontifes selon l’ordre de Melchissédec que les anges ont confié le pectoral où flamboient l’Urim et le Thumin.

C’est nous qui lisons dans le livre de la vraie loi.

C’est de nous qu’il est écrit: « Ceux qui sont revêtus de robes blanches, que sont-ils et d’où sont-ils venus? Ce sont ceux qui ont souffert de la Grande Tribulation et qui ont lavé leurs tuniques dans le sang spirituel de l’Agneau, et qui sont vierges des superstitions et des souillures du monde hylique ! »

La Gnose est l’essence même du christianisme. Voilà la plus juste définition du Gnosticisme. Mais par christianisme, nous n’entendons pas seulement la doctrine enseignée depuis la venue du Christ Sauveur, mais encore celle enseignée avant la venue de Jésus, dans les temples anciens, la doctrine de la Vérité Éternelle.

Notre Église est l’antinomie de celle de Rome! Le nom de celle-ci est Force; le nom de la nôtre est Charité.

Notre souverain patriarche n’est pas Pierre, l’impulsif, qui renia trois fois son maître et usa de l’épée, mais Jean, J’ami du Sauveur, l’apôtre qui reposa sur son cœur et en connut le mieux le sentiment immortel, l’oracle de la lumière, l’auteur de l’Évangile Éternel, qui n’usa que de la parole et de l’amour.

Notre Église est la cité céleste sur terre et dans les cieux, ce royaume de la Justice dont il est parlé dans le livre de la Révélation.

Elle est aussi J’Église du Paraclet dont elle a les vertus. Elle est pure et pacificatrice, sainte et sanctifiante, consolante et consolée dans l’exil du monde.

Avec votre concours, très chers Coopérateurs et Frères, notre Sainte Église s’épanouira et développera ses branches, comme le grain de sénevé dont parle l’Évangile, et deviendra un arbre immense sur lesquelles oiseaux du ciel viendront se reposer.

Mais, pour que l’œuvre de Dieu s’accomplisse, il faut que nous restions unis dans l’amour de la Gnose, comme les saints Éons sont unis dans la volonté du Père. II faut que, dispersés à travers le monde, nous ne laissions fuir aucune occasion de faire éclater la Vérité, de détourner nos frères égarés du chemin des ténèbres, d’affirmer qui nous sommes, ce que nous voulons et où nous allons.

Les temps sont difficiles, nous le savons; les forces occultes sont liguées contre nous, nous ne l’ignorons pas. Mais il ne se peut que l’idée pour laquelle tant de martyrs sont morts, demeure improductive.

Aussi, nos très chers Frères, levez vos yeux vers les hauteurs, tournez vos regards du côté de la vraie Lumière, enivrez-vous des ineffables délices du Plérôme spirituel, et vous acquerrez la force de parachever l’œuvre sainte, l’œuvre véritable, l’œuvre divine.

A vous, nos très chères Sœurs, nous adressons un appel plus particulier. Nous savons combien est précieux votre concours en matière d’apostolat et combien notre monde féminin cache dans ses salons et ses retraites mystiques de nobles et courageuses émules des Maximille et des Esclarmonde de Foix.

Mieux que nous, vous savez trouver le chemin des âmes! Nous ne sommes, nous autres, que le verbe qui convainc; vous êtes, vous, le cœur qui persuade.

Unissez-vous à nos frères pour rétablir sur de fortes et profondes assises la communauté, l’Église visible des Pneumatiques que les manifestations d’En-Haut nous annoncent et nous promettent.

Et maintenant, très chers Coopérateurs, Bénédiction sur vous ! Bénédiction sur vous, très chers Frères et très chères Sœurs ! Bénédiction sur tous ceux qui travaillent avec nous dans le champ du Seigneur ! Bénédiction sur tous ceux que dévore le zèle de la maison de Dieu ! Gloire au Très Saint Plérôme !

T JEAN II, Patriarche de l’Église Gnostique Universelle.

Mysteria, volume 4, n° 10, octobre 1913, pages 42 à 47.
Image by Dieter_G from Pixabay
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