Dogme de la Gnose par Tau Valentin

Le Patriarche, exposant les principes de la Gnose restaurée.

Valentin, par la miséricorde des Éons Patriarche Gnostique, Primat de l’Albigeois, Évêque de Monségur, Grand-maître de la Colombe du Paraclet, aux Évêques et à la Sophia, membres du Très Haut Synode,

Salut et consolation dans le divin Plérôme.

La préparation de la Catéchèse Gnostique que le Très Haut Synode Valentinien doit publier et qu’a rendue nécessaire le rétablissement de la Hiérarchie et la formation de l’Assemblée, Nous a permis, Très Chers Frères et Seigneurs, et Très Illustre et Chère Sœur, de condenser en quelques lignes la doctrine même que cette catéchèse doit faire connaître dans ses détails dogmatiques et liturgiques. Plusieurs d’entre vous, et, parmi vous, notre Vénérable Frère l’Évêque Élu de Rennes et notre Vénérable Frère l’Évêque Élu de Paris, ont désiré de Nous un mandement explicatif des points principaux de la Théorie sacrée de la Gnose, telle que l’ont professée nos ancêtres des six premiers siècles de l’ère de Christos et que l’ont enseignée nos illustres docteurs Simon de Samarie et Valentin.

Nous leur accordons volontiers ce mandement qui pourra servir d’introduction et de Portique à sa catéchèse elle-même.

Puissent et daignent les Éons en bénir le fond et la forme et le rendre utile à nos Élus et à nos Élues.

Il faut distinguer dans la Gnose, qui est la science, la connaissance absolue du Divin et de ses manifestations, deux dogmes fondamentaux : l’Émanation et le Salut par la Science. Toutes les Écoles gnostiques sans exception ont admis ces deux dogmes sans la confession desquels nul ne peut se dire gnostique.

Il faut distinguer également la Hiérarchie et la Liturgie qui sont empruntées à la vieille et vénérable école gnostique du Midi, l’Église Cathare ou Albigeoise.

Nous traiterons d’abord du Dogme.

  1. Le Dogme

L’ÉMANATION – Nous opposons ce dogme à celui de la Création.

Qu’est-ce que l’Émanation ?

Les Créatures procèdent par émanation, par génération, du Père Inconnu, de cet Infini et de cet Ineffable que Simon nomme le FEU et le PÈRE, que Valentin appelle l’ABÎME. C’est un devenir universel de Dieu dans l’Homme et dans le Monde, une évolution, un processus de l’Absolu. Le Premier Principe, l’Être Pur, l’Abîme, le Père, est une essence indéterminée qui se détermine, qui se déploie dans la multiplicité des êtres et des choses, lesquels deviennent de moins en moins parfaits, à mesure qu’ils s’éloignent de leur source. C’est l’Évolution.

Un second processus se produit ensuite : le Fini gravite vers l’Absolu. L’Être se ressaisit lui-même. C’est l’Involution.

La Gnose nous enseigne comment s’accomplissent cette évolution et cette involution.

Au faîte du monde supérieur se trouve l’Abîme pur, inaccessible, insondable, océan sans bornes, abîme sans fond. Il n’est pas seul. Il a une compagne éternelle : le SILENCE. Ils forment la première Syzygie ou le premier couple divin.

Dieu (l’Abîme-Silence) est amour ; or Valentin nous a dit, dans son langage magnifique, que l’amour n’existe qu’à la condition d’avoir un objet. C’est pourquoi de l’Abîme et du Silence, éternel Masculin et Féminin éternel, émanent par couples ou syzygies successifs les ÉONS qui composent le Très Saint Plérôme. La Catéchèse donnera cette mystérieuse et profonde Eogonie.

Au-dessous du Plérôme est le monde Intelligible ou intermédiaire qui sépare le Plérôme du troisième monde : le monde des formes et de la matière, le Kénôme, le Vide, les Ténèbres que l’Éon Jésus appelait dans l’Évangile les Ténèbres extérieures.

A un point à nous inconnu du Temps sans limite, l’harmonie du Plérôme fut troublée. Le dernier des Éons, SOPHIA, dans son immense amour pour le PÈRE, voulut s’unir à lui en franchissant tous les degrés qui la séparaient de LUI. Elle se sépara violemment de son époux divin, brisa la syzygie, et, sans le concours de l’Éon masculin qui lui est attaché, voulut émaner seule, à l’imitation de l’UN, de l’ABÎME.

De là sa chute. Elle se trouva séparée par une barrière (la Limite) de l’Infini dont elle émanait. Elle en ressentit une inénarrable tristesse, origine de toutes les tristesses et de toutes les douleurs de l’âme. De cet effort était né un avorton : l’Extrôma Achamot, qui dépara la beauté et troubla la divine Harmonie du Plérôme. Pour sauver Sophia, deux Éons, le Noûs et l’Alètheia, enfantèrent le Christos d’En-haut et le Paraclet. Ils chassèrent Achamoth du monde divin et rétablirent l’harmonie première. Les Éons émanèrent alors le dernier Éon, le Sauveur Jésus, qui, en s’unissant à Sophia exilée, la racheta et la ramena dans le sein du Plérôme.

Restait Sophia Terrestre ou Achamoth. Dans sa détresse et son abaissement, elle avait conservé le souvenir de la Lumière et du Monde Divin dont elle sortait par sa mère Sophia ; mais la LIMITE lui interdisait l’accès de ce monde éternellement heureux et pacifié.

Le poète a dit :

Notre âme est un rayon de lumière et d’amour

Qui du foyer divin détaché pour un jour,

De désirs dévorants loin de lui consumée.

Brûle de remonter à sa source enflammée.

Le Plérôme eut pitié de Sophia Terrestre (Achamoth). Jésus se manifesta pour la racheter. Il lui enleva tour à tour la crainte, la tristesse, le désespoir. Sa Tristesse forma la matière ; Sa Crainte forma l’élément psychique ; son Désespoir forma l’essence démoniaque (Satan).

Le Démiurge apparut alors. Il était le fils d’Achamoth. C’est lui qui forma la terre et les hommes. Leurs corps furent pris dans les molécules de la matière ; leurs âmes furent prises dans l’élément psychique.

Achamoth communiqua à QUELQUES-UNS des Hommes une étincelle de cette flamme divine qu’elle tenait de sa mère Sophia-Céleste. Ces élus sont les Pneumatiques, élite de l’Humanité, adeptes nés de la Gnose. Les Psychiques sont les sujets du Démiurge. Enfin une troisième classe d’hommes, les Hyliques, sont les hommes vulgaires, matériels, asservis à la bestialité. Le Démiurge, qui ne connaît pas le Plérôme, se crut le Dieu suprême. Il se révéla aux Juifs sous le nom de Jéhovah.

2. La Hiérarchie et la Liturgie

L’intervention surnaturelle des Éons, ayant produit dès l’année vulgaire 1890 la restauration de la Très Sainte Gnose Valentinienne, et treize Évêques ayant été successivement sacrés ou élus, il parut nécessaire de rétablir la Hiérarchie et de constituer des églises dont l’ensemble forme l’Assemblée gnostique.

C’est pourquoi le Très-Haut Synode, par son décret suivi de notre Exécutoire du 28 septembre 1893, rétablit le symbolisme albigeois et conféra à tous les membres de l’Ordre Martiniste le rang de Parfaits ou Pneumatiques. Il emprunta aux Albigeois ou Cathares, leurs Évêques, leurs Diacres, leurs Diaconesses, en y ajoutant pour les femmes le titre de Sophia qui équivaut à celui d’Évêque.

Les trois sacrements ou symboles : le CONSOLAMENTUM, la FRACTION DU PAIN et l’APPAREILLAMENTUM furent restaurés. Il déclara que l’Évangile de Jean était le seul que la Gnose reconnût.

Ce décret était signé par Nous et par nos vénérables frères les Évêques de Toulouse, de Béziers, de Milan, de Concorezzo, d’Avignon, et par notre illustre sœur la Sophia de Varsovie. Enfin il décréta la publication de la Catéchèse et des rituels auxquels on travaille actuellement.

Nous-mêmes créâmes ensuite l’Ordre de la Colombe du Paraclet, en mémoire des faydits et des Chevaliers et Dames de la guerre Albigeoise et des glorieux martyrs de l’Inquisition du Midi.

Nous conférons par ce Mandement la Colombe d’argent à nos frères les Évêques et à notre sœur la Sophia, avec le titre de Commandeurs, et les autorisons à recevoir les Chevaliers et Chevalières de l’Ordre.

Et sera notre Mandement publié par les soins de nos vénérables frères l’Évêque de Toulouse et l’Évêque élu de Rennes.

Donné à Monségur, sur le Mont des Martyrs, le 26e jour du 2e mois de l’an V de la Restauration de la Gnose, sous notre sceau patriarcal.

Par mandement de sa Grâce Patriarcale,

T Valentin, Patriarche gnostique.

RENÉ DU V.— M., Diacre référendaire.

ALICE L., Diaconesse référendaire.

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